Bulletin Para Ellos Hiver 2017-18

EDITORIAL

Nous ne pouvions pas terminer l’année 2017 annoncée comme étant l’année France – Colombie sans faire un clin d’œil à ce pays et à Dolly à travers ce petit bulletin pompeusement intitulé « spécial Colombie ». J’espère que ces nouvelles du centre nous feront du bien en nous rendant présent à l’esprit ce qui se passe là-bas, bien loin de la France mais qui nous touche de près puisque qu’adhérents à Para Ellos.

En mars dernier, suite à notre assemblée générale, nous vous disions notre souhait de moderniser un peu nos moyens de communication. C’est chose, pour partie, faite avec un site internet et un compte facebook tout neufs. Non seulement nous vous recommandons leur visite mais plus encore nous vous invitons à en parler autour de vous. Le conseil d’administration a également pris la décision de doter le site d’une possibilité de payement en ligne. Cela coûtera un peu d’argent mais nous espérons de cette simplification un certain retour sur investissement car de notre santé financière dépend le travail que nous pourrons poursuivre dans les centres d’Amérique latine. Et dernièrement nous étions un peu malades… Les choses semblent reprendre actuellement avec quelques nouveaux adhérents : l’ami de l’un, l’amie de l’autre, c’est comme cela que, depuis 35 ans, Para Ellos tient le choc.

Alors tout ceci nous permet, en cette période de Noël de pouvoir encore faire des vœux et des projets « pour eux » mais surtout « avec eux », ceux qui nous montrent la voie sur place, les Consuelo, Dolly, Gladys et toutes leurs équipes chaleureuses.

Et puis, pour l’année 2018, que souhaiter sinon que vive et prospère Para Ellos, petit prolongement de nous-mêmes par delà l’Océan.

Jean-Paul Arveiller

P.S. Nous nous permettons de signaler – sans cependant l’avoir vue nous-mêmes – aux lecteurs de ce bulletin qui viendraient à passer par Toulouse d’ici le 21 janvier 2018, qu’il s’y tient – dans le cadre de l’Année de la Colombie 2017 en France – une exposition au Musée des Abattoirs intitulée : « Medellin, une histoire colombienne des années 1950 à aujourd’hui ». Son propos est d’aborder l’histoire récente de la Colombie à travers le regard de ses artistes (tous renseignements sur les sites internet).

LA COLOMBIE VUE DE MEDELLIN

Fondée au XVIIe s, Medellin (plus de 2 M d’hab., 3 M pour l’agglomération) est après Bogota, capitale et métropole de 8 M d’hab, la 2ème ville de Colombie (48 M d’hab, 1 139 000 Km² = 2 fois la France).

– Medellin comme Bogota (à 400 km vers le Sud-Est) appartiennent aux hautes terres andines qui concentrent la majorité de la population et constituent le cœur du pays.

– à l’Est des Andes, les plaines de l’Amazonie Colombienne, moitié du pays au fragile peuplement amérindien, et le Brésil à un millier de Km.

– à l’Ouest et au Nord, les plaines littorales bordant le Pacifique et l’Atlantique (Mer des Caraïbes) dotent la Colombie, pays le plus septentrional d’Amérique du Sud, de l’unique double ouverture maritime du continent. Entre les deux, le Panama est à 400 Km.

Si l’époque précolombienne n’y vit pas émerger d’importante entité politique, le territoire de l’actuelle Colombie s’inscrivait dans une vaste aire culturelle (linguistique, cultuelle, artistique) allant du Guatemala à la Colombie, la Civilisation Chibcha.

C’est la fréquence et la qualité des objets d’or trouvés par les conquistadors dans les tribus Chibchas de Colombie qui y fit d’abord rechercher l’Eldorado, pays mythique de l’or, avant que cette quête dévastatrice pour les indiens ne s’oriente vers l’Amazonie.

Le nom de Medellin, celui d’une petite ville espagnole d’Estrémadure, patrie de plusieurs conquistadors, renvoie au passé colonial de la Colombie, appelée alors Nouvelle-Grenade. L’indépendance acquise en 1819 (rôle de Bolivar) ne remit pas en cause la domination des colons créoles sur l’économie et la société.

Comme souvent en Amérique Latine, traits de sous-développement et émergence économique se conjuguent en Colombie. Sur deux siècles, elle se signale aussi par sa difficulté à trouver une stabilité politique. Elle a connu plusieurs guerres civiles (Guerre des mille jours 1899-1903, La Violencia 1948-1953) et depuis les années 1960, une guerre civile larvée opposant guérillas d’inspiration castriste (ex. : FARC/Forces armées révolutionnaires de Colombie) à l’État, à l’armée, ainsi qu’à des groupes paramilitaires d’extrême droite.

En cause :

des blocages politiques et sociaux persistants, pouvant se résumer à l’échec des libéraux à obtenir des conservateurs représentant l’oligarchie, par la voie parlementaire, des réformes capables d’entraîner le développement à la fois social et économique d’un pays qui reste l’un des plus inégalitaires au monde. Raisons : cramponnement de privilégiés ? manque d’opiniâtreté ? défauts du système institutionnel ?

– le poids important de l’économie mafieuse : on sait, au travers de l’association de son nom à l’un des cartels de la drogue, le tribut payé par Medellin à cette autre source de violence meurtrière.

– plus récemment extension de la violence au terrain socio-environnemental : assassinat de défenseurs de l’environnement et/ou de la propriété paysanne face à de grands projets d’extraction minière, visant à attirer les investissements étrangers et à relancer la croissance dans un contexte de baisse des revenus pétroliers.

L’espoir d’un changement ? Signature en 2016 d’un Accord de paix entre les FARC et le président de centre-droit Juan Manuel Santos (Nobel de la Paix 2016), prévoyant : désarmement de la guérilla sous contrôle ONU, reconversion en parti politique, peines judiciaires de substitution, réinsertion des guérilleros via réforme rurale et dispositifs de formation. Vive opposition de la droite radicale au processus (ancien président Urribe). La présidentielle prévue en 2018 vaudra sans doute référendum sur l’application de l’accord.

Sources : Bilan du Monde 2017 ; Images Économiques du Monde 2018 (A. Colin) ; Wikipédia ; Dictionnaire historique et géopolitique du 20e s. (La Découverte) ; Marie Delcas, En Colombie, la désillusion le dispute à l’espoir un an après l’accord de paix avec les FARC , Le Monde, 26 11 2017. 3

DES NOUVELLES DU CENTRE EL OASIS DE MEDELLIN (tirées de deux lettres envoyées par Dolly)

 

Le Centre El Oasis – son nom vaut programme – est un centre social mettant en œuvre à l’échelle locale différents « programmes », au financement desquels Para Ellos concourt aux côtés d’autres acteurs : Fondation Mundo Mejor (Pour un monde meilleur), mairie de Medellin, mairie de quartier.

Si son action est principalement tournée vers l’enfance, El Oasis agit aussi en direction d’autres tranches d’âge : « huit personnes en difficulté, jeunes et adultes [s’y] perfectionnent pour l’écriture et l’orthographe » ; en « juin a débuté un programme d’alphabétisation car trois mères ne savaient ni lire ni écrire ». Dolly ne cache cependant pas la fragilité de ces efforts : « les mamans des enfants ont [depuis] dû arrêter car elles devaient travailler ». Un autre programme « commencé (…) il y a 28 ans, [accueille] 12 personnes âgées deux fois par semaine pour deux heures de formation pour des activités manuelles et des expressions corporelles ».

En direction de l’enfance, l’action d’El Oasis revêt plusieurs dimensions : nutritionnelle, éducative, ainsi que d’accueil car « beaucoup de petits garçons et petites filles restaient seuls dans leur maison (les Mamans vont travailler comme employées de maison pour de tout petits salaires) ». Les enfants accueillis sont d’âges variés et le sont pour des temps de la journée variables :

– la « professeure Tatiana » s’occupe de « 25 garçons et filles » d’âge « pré-scolaire… auxquels on donne un petit déjeuner et un déjeuner » préparés par Gladys (qui « fait le ménage » également) On a un accord avec Mundo Mejor qui [a apporté] au centre nutritionnel des tables, des chaises, un fourneau, un réfrigérateur. Para Ellos se charge de la professeure, de la personne qui sert les enfants [et s’occupe] de la préparation des repas et du nécessaire de toilette ». Á ce propos, « nous avons dû changer la cuvette des toilettes car elle a été abîmée par l’utilisation continue des enfants… J’espère que vous comprendrez ».

– El Oasis dispense aussi un enseignement à « vingt élèves » d’âge primaire qui « n’ont pas eu de place à l’école Guillermo Gaviria Monte Carlos ; leurs parents n’ont pas les moyens de les inscrire dans un collège 4 privé. Il aurait fallu les envoyer dans un autre quartier. C’est pourquoi les parents nous ont demandé de les aider à trouver un professeur ce qui explique cette dépense… Ils étudient maintenant au centre » avec « la professeure Luz Eujenia Saldarrig… Cette année les personnes qui aidaient à [la] payer (…) n’ont pas pu car la situation économique ici est critique. J’espère que vous comprendrez… ».

– enfin le centre organise aussi un accueil du soir de « 16 h à 22 h [pour] les enfants des mères qui travaillent et étudient ». Des moments festifs complètent ces activités régulières, comme le montrent les photos envoyées par Dolly ou l’annonce que « le 27 nous célébrerons Halloween avec des glaces et des sucreries » : souvenirs de moments de bonheur dont tout enfant a besoin de se trouver doté pour la vie.

Ce sont au total « 132 enfants » qui bénéficient d’une façon ou d’une autre de l’action d’El Oasis. S’y ajoutent tout le contact avec les familles (les mères essentiellement) ainsi que les ateliers destinés aux adultes. « Regardez comme votre travail est grand. Que Dieu vous bénisse », conclut Dolly, qui ajoute : « pour que ce travail puisse se poursuivre, que les dons continuent… Une montagne de baisers ». Et nous de remercier à notre tour Dolly et toutes les personnes qui travaillent à ses côtés !

Version PDF du BULLETIN PARA ELLOS Hiver 2017-18

Quelques dessins des enfants :