Voyage au Pérou – Janvier 2017

Voyage au rou de Monsieur Fleuriot et de sa petite-fille, Léa

Janvier 2017

Le voyage que j’ai entrepris au Pérou accompagné de Léa une de mes cinq petites filles au mois de janvier 2017 est le point d’orgue d’une aventure commencée voici 31 ans.

C’est en effet, en 1986, que mon épouse et moi-même avons adhéré à PARA ELLOS, séduits par le but humanitaire poursuivi par cette association et par son dynamisme.

Chaque année, comme tous les adhérents, nous recevions des dessins de Noël réalisés par les enfants des centres nutritionnels mais, en 2001, celui que nous avons reçu portait le nom de son auteur : Martin Delao Vargas.

Nous nous sommes enquis auprès de Yvonne ARBUES de la situation de la famille de cet enfant et nous avons appris qu’elle était la plus pauvre du bidonville où était implanté le Centre : père disparu dès la naissance du second enfant, mère analphabète, malade ne pouvant travailler.

Nous avons alors pensé que donner un repas par jour aux enfants était salutaire mais que leur donner une éducation leur permettant de sortir de la misère serait mieux.

Avec l’aide de Yvonne ARBUES et de Consuelo dont je ne louerai jamais assez la compétence et le dévouement inlassable, nous avons pris en charge les frais scolaires et annexes de Martin durant sa scolarité primaire qu’il a réussie tant bien que mal et jusqu’à la première année du secondaire durant laquelle il a décroché, vraisemblablement à l’instigation de sa mère. Nous nous sommes alors intéressés à sa petite sœur Yoselin dont Consuelo nous a appris que sa mère ayant omis de la déclarer à l’état civil lors de sa naissance, elle n’avait aucune existence légale et ne pouvait donc fréquenter l’école. A notre demande, Consuelo a accompli les formalités légales dont nous avons couverts les frais ce qui nous a permis de considérer que Yoselin était notre « filleule civile ».

Yoselin pour laquelle notre affection est allée grandissante au cours des années a suivi avec brio les classes primaires puis secondaires, trustant la première place de sa classe chaque trimestre, et est ainsi entrée à l’Université en mars 2016 .

J’ai entretenu avec elle des relations épistolaires parfois difficiles mais affectueuses et j’ai caressé pendant des années le désir de la connaître et de la rencontrer. Au fur et à mesure que je vieillissais, je perdais l’espoir de réaliser ce désir.

Et puis, mes enfants m’ont encouragé à l’entreprendre pendant que j’en étais encore physiquement capable et…

…l’encouragement de Léa : «  Papy, si tu vas au Pérou, je t’accompagne car tu auras besoin que je veille sur toi ! » a été déterminant.

Consuelo et Rosario sa sœur que j’avais rencontrées à Paris en 2004 et auxquelles j’ai fait part de mon projet en ont été enthousiasmées (c’est le mot juste) et nous ont offert l’hospitalité pendant notre séjour à Trujillo. Avec Léa, nous avons alors bâti notre voyage et j’ai fait appel, pour le concrétiser, aux services d’une agence de voyages péruvienne .

C’est ainsi qu’avec des valises pleines à craquer et des sacs à dos bien remplis, nous nous sommes présentés le mardi 3 janvier à l’aéroport de Roissy . Il faut dire que nous emportions des présents pour Consuelo, Rosario, leurs parents, Yoselin, les deux cuisinières du Centre de Alto Trujillo ainsi que de menus cadeaux pour chacun des 95 enfants des deux Centres gérés par Consuelo. Après une escale à Amsterdam où nous nous sommes dégourdis les jambes pour nous rendre du terminal C au terminal E (une marche d’une vingtaine de minutes) , nous avons pris place dans un Airbus A380 bien complet pour un vol transatlantique de près de 13 heures jusqu’à Lima. Nous y sommes arrivés à

19.15 h (heure locale) c’est à dire 1.15 h du matin (heure française) ; accueillis

par une représentante de notre agence , nous nous sommes rendus à notre hôtel proche où après un dîner léger, nous nous sommes couchés car nous devions nous présenter à l’aéroport dès 5.30 h pour nous envoler pour Trujillo.

Nous sommes arrivés à notre destination

le mercredi 4 janvier

et avons eu la joie d’être accueillis à la sortie de l’aéroport par

Consuelo et Rosario.

Mon émotion a été grande de les revoir 12 ans après notre première rencontre à Paris et à Lisieux et nos embrassades ont été chaleureuses et affectueuses. Je crois bien que quelques larmes ont été versées par chacun de nous …

La voiture avec chauffeur que j’avais réservée nous a alors conduits à leur domicile où elles nous ont autorisés à prendre quelque repos avant le déjeuner dans leurs propres chambres qu’elles nous ont amicalement abandonnées pendant notre séjour chez elles.

Au début de l’après midi, Yoselin nous a rejoints et c’est avec beaucoup  d’émotion  et  encore  quelques  larmes  que  nous nous sommes embrassés et avons fait connaissance.

J’ai été heureux de ce premier contact et des suivants car Yoselin m’est apparue sympathique, ouverte, dynamique et enjouée malgré ses conditions de vie difficiles.

Cela m’a conforté dans la décision que nous avions prise avec mon épouse de lui offrir une éducation et une instruction lui permettant de sortir de la misère. Nous avons pu, malgré la barrière de la langue, échanger, évoquer ses études, ses activités culturelles et ses projets. Ces entretiens ont été très enrichissants pour moi.
Léa et moi, avons constaté que, malgré ses 6 années de secondaire durant lesquelles elle a obtenu de bonnes notes en anglais, Yoselin était incapable de s’exprimer dans cette langue. Elle suit depuis le début de l’année des cours complémentaires d’anglais à l’UPAO auxquels je lui avais recommandé de s’inscrire. Léa, avec mon accord, a promis à Yoselin de l’inviter en France dès qu’elle saurait parler couramment anglais. Je compte sur elle pour matérialiser cet engagement quand je ne serai plus là.

Nous sommes alors partis pour l’UPAO l’université dans laquelle Yoselin est inscrite, que nous avons visitée sous sa direction après la photo devant la crèche. J’ai pu constater que c’était une université pluri-disciplinaire dans des bâtiments modernes et fonctionnels qui m’ont conforté dans le choix que Consuelo avait fait. Nous nous sommes ensuite rendus à la Plaza de Armas dans le centre historique de Trujillo à la nuit tombante, encore toute empreinte des décorations de Noël avec ses crèches, ses guirlandes et ses illuminations. Nous sommes entrés dans la Cathédrale avant de regagner la demeure de Consuelo et Rosario.

J’avais prévu initialement louer une voiture pour nos déplacements dans et en dehors de Trujillo mais Consuelo m’en avait dissuadé m’affirmant que les Péruviens étaient les pires chauffeurs de l’Amérique Latine. J’ai pu, effectivement, constater le bien fondé de son affirmation, les conducteurs ignorant superbement les règles du Code de la route sauf peut-être l’obligation de s’arrêter aux feux rouges et encore pas toujours ! Quant à la priorité à droite pourtant obligatoire, mieux vaut ne pas l’évoquer ! J’avais donc demandé à l’agence de voyage péruvienne de me réserver des voitures avec chauffeur pour les déplacements extérieurs à la ville tandis que j’utiliserai des taxis pour les déplacements intra-muros. Compte tenu d’un coût de la vie très inférieur au nôtre (le SMIC mensuel est à 900 soles soit 270 euros !) la course diurne en taxi revient à 5 soles soit 1,50 euro et le triple en nocturne) quelle que soit la distance.

Le jeudi 5 janvier

une voiture avec chauffeur nous a emmenés, tous les 5 , d’abord à la Huaca Arco Iris où nous avons visité le Palais Nik-An puis sur le site archéologique de Chan-Chan , ancienne capitale de l’Empire Chimù construite en briques de terre au XIIIe siècle .

Nous sommes ensuite allés déjeuner dans la station balnéaire de Huanchaco au bord de la plage où nous avons admiré les « caballitos de totora » les embarcations traditionnelles en roseau des pêcheurs. Nous nous sommes promenés, sous la conduite de Yoselin, sur la plage et sur la jetée d’où nous avons vu les évolutions des caballitos de totora enfourchés par des baigneurs.

La matinée du vendredi 6 janvier fut réservée à l’achat des denrées que Léa cuisinerait le lendemain pour les 55 enfants du Centre de Alto Trujillo .

Nous nous sommes rendus pour cela au Mercado Central dans lequel Consuelo nous a guidés Léa et moi . Nous avions emmené de grands sacs qui furent vite remplis de poulets, de légumes, de riz.

Je n’ai pas fait attention aux ingrédients achetés ; je me suis contenté d’être le banquier étonné par leur faible coût.

L’après-midi, Yoselin nous a guidés dans le Centre Historique de Trujillo, ses églises, ses palais, ses monuments, ses balcons tels des moucharabiehs . Nous avons même pu assister à la remise des diplômes aux étudiants de l’UNC en toges et la tête couverte de la coiffe dans leur aula.

Le samedi 7 janvier fut jour de fête au Centre Nutritionnel de Alto Trujillo .

Le drapeau tricolore flottait sur le bâtiment tandis que sur le mur était affiché : « Bienvenidos queridos Yves y Léa ».

Léa s’est aussitôt affairée avec les cuisinières habituelles du Centre pour préparer le repas qui allait être servi aux enfants.

Peu d’enfants étaient présents lorsque nous sommes arrivés ; Consuelo en a profité pour m’emmener, à quelques centaines de mètres, au siège de la Asociación de las Madres qui héberge
gratuitement Yoselin et sa mère à charge par elles de préparer et servir une boisson chaude lors des réunions de ses membres.
J’ai pu ainsi rencontrer Yoselin et sa mère dans l’enclos où elles vivent et dans lequel est un modeste bâtiment qui comprend 2 pièces avec 2 lits, sans porte ni fenêtre et dépourvu de tout confort .

Nous avons pu nous entretenir quelques instants et j’ai découvert, en la Mamá, une femme qui bien qu’analphabète n’était pas dépourvue de culture et de sagesse. Nous avons ensuite regagné le Centre.

Après que Consuelo nous eut présentés, nous avons été salués par une salve d’applaudissements .

Puis Yasmine et Yaritsia du Centre de Alto Moche ont récité une poésie qui nous était dédiée en notre qualité de représentants de Para Ellos.

Bienvenue chers amis Yves et Léa

Je sais que vous venez de loin, du pays de France Seulement parce que vous voulez savoir si nous allons bien Nous vous disons que nous, les enfants de ce centre nutritionnel, nous vous sommes très reconnaissants et sommes

heureux de toute cette aide que nous donne votre si noble cœur Parce que grâce à vos mains généreuses nous avons le pain de chaque jour, chaque matin

Parce que grâce à votre amour inconditionnel nous nous sentons aimés pour de vrai

Parce que grâce à vos efforts nous recevons notre déjeuner Parce que grâce à votre souci nous recevons une éducation Pour tout cela, tous les enfants de ce centre nutritionnel vous

souhaitent pour toujours, le meilleur et nous crions à pleine voix

que toujours vous resterez présents dans notre cœur.

Poème des enfants du centre Alto Moche

Chers Amis nous voulons vous chanter une chanson d’estime et d’amitié

Le chœur des fillettes du Centre de Alto Trujillo a alors entonné une chanson nous délivrant un message d’amour et de reconnaissance pour notre visite . Mon émotion allait croissant devant ces témoignages d’amitié et d’affection . J’aurais voulu serrer tous ces enfants sur mon cœur.

Chers amis bienvenus ici

Je sais que vous nous donnez toujours votre amour, Chers amis vous aller entendre un message damour

Moi je chante pour que Léa soit heureuse

Je chante pour que Yves sourie

Je chante pour ce jour soit particulier

Et moi je chante pour que ce jour soit particulier

Et moi parce que vous avez voulu nous rendre visite Moi je chante pour ce que vous nous donnez toujours Je chante pour ce centre nutritionnel

Je chante pour ceux qui déjeunent ici

Je chante pour que vous nous donniez votre amour

Chanson des enfants du centre Alto Trujillo

C’est alors que Katerine et son frère Daniel nous ont offert un spectacle de danse flamenco de toute beauté. Leur prestation a été remarquable et Katerine a montré par sa grâce , les figures de sa danse et . . . les conseils qu’elle donnait à son frère qu’elle maîtrisait déjà parfaitement les arcanes de son art . Cette danse fut un enchantement et les deux jeunes enfants ont fait l’objet d’un triomphe ; c’est avec beaucoup d’émotion que Léa et moi les avons embrassés .

Ce fut ensuite le repas que Léa et les deux cuisinières ont distribué aux enfants présents qui ne se sont pas fait prier pour vider leurs assiettes. Apparemment la cuisine de Léa leur avait bien plu.

Enfin, Léa et Consuelo ont remis à chaque enfant un des modestes présents que nous leur avions apportés de France . Chacun d’eux a fait un bisou à Léa et quelques fillettes m’ont gratifié de la même attention. Quelques uns sont restés jouer tandis que les adultes déjeunaient.

Autour de la table, Consuelo et Rosario, les cuisinières , la profesora qui intervient deux fois par semaine au Centre nous entouraient.

Il y eut beaucoup d’amitié au cours de ce repas et l’une des cuisinières a pleuré lorsqu’est venue le moment de l’au revoir.

Cette journée de rencontre avec les niños a été riche d’émotions partagées et restera un moment fort dans mes souvenirs.

Le soir, nous avons été invités à dîner chez une sœur de Consuelo et Rosario avec leurs parents et deux de leurs neveux. La soirée a été très sympathique même si les échanges avec les parents ont été très limités.

Le dimanche 8 janvier,

Je suis allé avec Consuelo et Rosario à la messe dans leur paroisse. J’avais souhaité que la messe soit célébrée à l’intention de mon épouse ce que le prêtre, ami de Rosario, a accepté. Cette messe a été très priante et très colorée par des chants très rythmés (tels des gospels) par les battements des mains des fidèles.

L’après-midi, nous nous sommes rendus à la casa de Martin à Los Girasoles au flanc de la colline qui domine Alto Trujillo.

Nous y avons été accueillis par la Mamá, Martin et Aliz sa fiancée et bien sûr Yoselin. Nous avons pu nous entretenir avec eux et particulièrement avec Martin qui nous a confirmé qu’il avait pu terminer ses études secondaires par des cours du dimanche et qu’il en espérait une amélioration de sa situation salariale. Par contre,  je  ne  l’ai  pas  senti  motivé  par  les  travaux d’aménagements intérieurs de la casa ; pratiquement rien n’a changé depuis le départ des maçons et quand je lui ai posé la question de l’habitabilité de la maison, je n’ai eu qu’une réponse évasive. J’en viens à penser que ma proposition de préfinancer la construction de la maison pour en hâter l’achèvement était pour le moins . . . prématurée. Tant pis, ce qui est fait n’est plus à faire ! ! !

Le soir, notre dîner fut un peu triste ! C’était notre dernier dîner à Trujillo.

Le lundi 9 janvier, une voiture avec chauffeur nous a conduits avec Consuelo, Rosario et Yoselin à Moche pour la visite des Huacas del Sol et de la Luna centre religieux de la culture  Mochica  construit  durant  le  Vème  siècle.  Nous avons été impressionnés par ces pyramides, par la bonne conservation  des  sculptures  et  des  peintures  et  par  la qualité des objets présentés dans le musée.

Nous sommes allés ensuite déjeuner dans un restaurant du centre de Trujillo avant de regagner la demeure de Consuelo et Rosario. Elles nous ont alors offert des cadeaux qui ont pris la place dans les valises de ceux que nous avions apportés : des crèches péruviennes, une plaquette souvenir de Trujillo. Quant à Yoselin, elle m’a offert un petit tableau qu’elle a confectionné de phrases espagnoles avec leur traduction en quechua langue des hauts plateaux que sa mère comprend un peu mais qu’elle ne parle pas.

Ce fut enfin le moment de la séparation puisque nous devions être avant 16.15 h à l’aéroport de Trujillo afin de nous envoler pour Lima.

Consuelo et Rosario nous ont accompagnés jusqu’à la salle d’attente et sont restées dans le couloir jusqu’à ce que nous nous dirigions vers l’avion. Nous avons échangé avec elles des signes d’amitié et d’affection à travers la vitre qui nous séparait.

Ainsi se terminait une semaine d’intense amitié et d’émotions avec ces deux femmes admirables de

dévouement et de compétences et avec ma filleule dont j’aurais regretté tous les jours de ma vie de ne pas l’avoir rencontrée si je ne m’étais décidé à entreprendre ce voyage. Il m’a certes bien fatigué mais moins que je n’aurais pu le craindre en raison de mon âge. J’ai donc toutes les raisons de me féliciter de ma décision. Quelques remarques sur ce que j’ai ressenti du Pérou : beaucoup de religion ou de religiosité ( ?) : des chapelets pendus au rétroviseur intérieur des taxis ; certains arboraient en haut du pare-brise « ! Jesus te ama ! » ou autres slogans similaires . Consuelo et Rosario nous ont dit la prolifération des églises évangéliques au

détriment de la religion catholique qui est devenue minoritaire. J’ai été frappé par la propreté générale des villes ; l’importante présence policière beaucoup plus dense qu’à Paris malgré le « Plan Vigipirate » et enfin par le mauvais état de la chaussée aussi bien intra-muros que hors de la ville où nombre de routes ne sont pas asphaltées.


Après notre arrivée de nuit à Lima, Léa s’est envolée dès le lendemain matin pour 4 jours pour Cuzco et la

Vallée Sacrée des Incas d’où elle est revenue enchantée.

Pour ma part, je me suis promené dans Lima avec une guide francophone ou seul et suis allé visiter le site de

Pachacamac à 40 mn au sud de Lima .

Au retour de Léa , nous avons fait un peu de gastronomie (à son initiative) dans le quartier de Miraflores où se situait notre hôtel.

Puis nous sommes rentrés à Paris où nous avons atterri le lundi 16 janvier dans l’après midi avec 2 heures de retard ! Je ne suis rentré chez moi que le lendemain, la nuit passée dans l’avion ayant été éprouvante .