Bulletin Para Ellos Avril 2017

Editorial

Bonjour à tous

Une page qui se tourne, ce n’est pas un livre qui se referme. Tel est le pari que nous souhaitons tous ensemble affirmer et démontrer.

Yvonne Arbues a passé 35 ans de sa vie à porter notre association après l’avoir créée et elle souhaite maintenant pouvoir profiter un peu autrement d’une retraite bien méritée. En signe de reconnaissance, le nouveau conseil de direction, élu lors de notre assemblée générale du 18 mars

2017, a souhaité prendre comme première décision, une décision  symbolique en la nommant au titre de présidente d’honneur. Elle pourra donc, de loin, assurer le rôle du Sage, celui de surveiller et de conseiller.

Et il est important que notre association (65 adhérents-donateurs dont 40 étaient représentés à l’Assemblée générale) se positionne dans la continuité et la filiation et nous sommes heureux de vous présenter ci-après les nouveaux membres de notre CA, remarquable par sa parité : quatre jeunes et quatre moins jeunes, cinq femmes et trois hommes… qui vont donner deux axes principaux à leur travail :

Tout d’abord celui d’une répartition des tâches entre membres : les finances, le lien avec les centres, la confection du bulletin, la coordination, la tenue d’un site internet…

Ensuite le développement de notre pool de donateurs tout en sachant que la population la plus jeune donne davantage par coups de cœur que de façon fidèle et régulière et c’est pour nous un enjeu de taille que nous devons absolument prendre en compte.

Il s’en suit une évolution de nos pratiques de communication qui passeront nécessairement par les nouveaux modes de liens entre humains à travers internet, les réseaux sociaux, un site internet…

Yvonne Arbues nous laisse un socle solide, y compris matériel puisqu’elle nous laisse à disposition le secrétariat que nous occupons. A nous de le faire fructifier, c’est toute l’ambition de notre nouvelle équipe. Nous comptons sur les encouragements et la fidélité de chacun des adhérents anciens et récents et allons essayer de vous donner des nouvelles le plus régulièrement possible.

Que vive et prospère Para Ellos !

Jean-Paul Arveiller

Trente cinq ans...

Rapport moral présenté par Yvonne Arbues

à l’Assemblée nérale de Para Ellos 18 mars 2017

Oui, 35 ans… !

J’ai du  mal à y  croire mais  c’est  tout à  fait indiscutable  …  Qui  pourrait mettre en  doute les affirmations d’un Journal Officiel !

J’ai retrouvé la plus ancienne photo des archives de Para Ellos ; elle est pour moi « collector », parce qu’associée à la naissance de notre aventure commune au service d’enfants lointains qui nous sont devenus si proches !

Il s’agit, ici, des enfants du quartier San Bruno à Bogota en Colombie accompagnés par Luz Nancy Callejas et sa maman.

Les plus anciens d’entre vous se souviennent sûrement  de  ces  débuts  enthousiasmants ! Nous avions dû, en quelques jours, trouver

5000 francs pour ouvrir ce centre et nous les avions trouvés grâce à une troupe d’acteurs- amateurs  qui  avaient  accepté  de  jouer  au profit   de   cette   toute   neuve   association ! (Certains de ces acteurs nous sont encore fidèles !)

A cette époque (révolue) chaque fois qu’une personne s’engageait à verser 10 francs tous les mois nous demandions à Nancy d’accueillir un  enfant  de  plus !  C’était  au  temps  des dinosaures !

Qui, à ce moment-là, pensait à ce que deviendrait « Para Ellos » 35 ans plus tard … Pas moi, en tout cas et sans doute pas assez, d’ailleurs… Sinon la suite serait plus claire…

Rassurez-vous !    Je   ne   vais   pas   retracer l’historique de ces trente-cinq années. Nous en aurions   pour   beaucoup   trop   longtemps

et même si je crois important de garder mémoire des belles choses vécues et des  nombreuses et merveilleuses rencontres que nous avons pu faire tout au long de ces années, il me paraît beaucoup plus urgent de parler de l’avenir. De celui des enfants accueillis dans les centres nutritionnels, car nous le savons, il dépend bien de celui de « Para Ellos ».

Il vaut mieux donc (plutôt qu’évoquer une époque révolue) regarder le présent et la réalité pour permettre  à  « Para  Ellos »  de  poursuivre  son  œuvre  qui  n’est  malheureusement  pas  encore inutile comme Léa Fleuriot me l’a confirmé à son retour de Trujillo ! (Encore trente ans… D’après un organisme sérieux qui annonce la fin du fléau de la faim à cette échéance…. Espérons ! Mais il y a 35 ans M. Kissinger, homme sérieux s’il en est, annonçait déjà la fin de la famine avant les années

2000… !)

La semaine dernière, Monsieur Fleuriot m’a demandé de retrouver la date précise de son adhésion à « Para Ellos »… J’ai donc cherché – et trouvé (petit miracle !) le dossier des bulletins d’adhésion sous sa couche de poussière… Ce qui m’a permis de constater deux choses :

  • La fidélité admirable de ceux et celles qui ont adhéré à « Para Ellos »…
  • Le nombre, non négligeable, de personnes déjà décédées (presque unique raison de la diminution du nombre des adhérents).
  • Le fait que depuis plusieurs années – et malgré quelques nouveaux adhérents – aucun nouveau bulletin d’adhésion ne soit entré dans ce dossier.

Ce qui m’a amenée à plusieurs conclusions immédiates :

  • La première et la plus importante : la nécessité absolue et urgente de trouver de nouveaux adhérents/donateurs…
  • La seconde en découle : la nécessité de s’adapter au fonctionnement d’aujourd’hui qui ne passe plus par un engagement à long terme signifié par un papier jaunissant dans un dossier mais par ces merveilleux engins de plus en plus incontournables (comme on dit aujourd’hui) et qu’on appelle « ordinateurs ».

L’avenir de « Para Ellos » passe donc impérativement par les moyens modernes de communication (Internet et les réseaux sociaux) qui répondent à un fonctionnement d’aujourd’hui ; on ne s’engage plus à long terme mais on répond à des appels ponctuels qui provoquent des coups de cœur et les dons se font par des « clics » magiques, intuitifs et immédiats… Il faut donc des gens motivés pour en motiver d’autres et provoquer sur la toile d’éventuels coups de cœur.

La question n’est pas de savoir si c’est mieux ou moins bien mais seulement de pouvoir aujourd’hui continuer à aider les enfants des centres nutritionnels.

Au-delà de l’usure du temps, j’ai assez de lucidité pour me rendre compte que mes compétences sont bien trop limitées dans le domaine de ces techniques modernes et qu’il deviendrait malhonnête de ma part de prétendre être encore en mesure de gérer efficacement le fonctionnement et surtout l’essor de « Para Ellos ».

Ceci pour expliquer très clairement que si je refuse aujourd’hui de me présenter aux élections du Bureau de notre association ce n’est pas que le sort des enfants des centres nutritionnels ne me concerne plus, mais au contraire c’est parce qu’il est, pour moi, essentiel. En conséquence, je désire par-dessus tout que « Para Ellos » puisse continuer à les aider aussi longtemps que nécessaire (ce qui risque de se compter en années…) ; or, je sais que je ne suis plus en mesure de le faire avec une réelle efficacité.

A l’heure de partir… Après ces 35 années, j’ai été tentée de faire un bilan comptable, de calculer le nombre de messages reçus et traduits, de courriers envoyés, de coups de téléphones (nuit et jour !), de bulletins imprimés, de colonnes de chiffres additionnés, de virements envoyés, de spectacles et de manifestations organisés, de cartes de vœux vendues (des milliers pliées sur la table de ma salle à manger !) et surtout le nombre de repas servis dans les différents centres nutritionnels, celui des enfants nourris et scolarisés en 35 ans… Mais quand on aime on ne compte pas … Nous ne sommes pas une entreprise à but lucratif, nous sommes une aventure humaine, une œuvre d’art, de l’art d’aimer. Oui, « Para Ellos » est une œuvre d’amour et n’a rien à voir avec la rentabilité. Il serait donc de mauvais goût de faire des comptes d’apothicaire. (Pour être tout à fait honnête, j’ai quand même été très heureuse quand j’ai réalisé que les repas servis se comptent en millions et les enfants en plusieurs milliers !)

D’avance, je remercie profondément tous celles et ceux qui vont prendre le relais et leur souhaite autant d’émotions heureuses que celles que j’ai pu connaître toutes ces années.

Je leur souhaite beaucoup d’enthousiasme et d’énergie et leur confirme que c’est bien en donnant que l’on s’enrichit (d’accord, pas forcément à la banque… !)

Mais celles que je tiens à remercier en premier lieu et plus que tout, ce sont les Responsables des centres nutritionnels.

Il m’est impossible de trouver des mots assez forts pour leur dire toute mon admiration et toute ma reconnaissance.

Je ne sous-estime pas le travail de celles et ceux qui ont donné de leur temps et de leur argent en France  pour  faire  fonctionner  « Para  Ellos »  et  je  sais  bien  que  sans  tous  ces  efforts  et  ces participations bénévoles rien n’aurait pu se faire ; mais vous reconnaîtrez avec moi que la plus grande part du mérite revient à ces femmes entièrement données, entièrement dévouées envers ces enfants qui ont tant besoin d’aide !

Avec chacune, j’ai tissé des liens très forts d’amitié et d’affection qui font partie des grandes richesses de ma vie.

Chaque fois que je suis allée attendre l’une d’entre elles à l’aéroport nous nous sommes reconnues de loin comme si nous avions toujours été très proches. La première accueillie fut Nancy que j’ai aimée maternellement… (De retour en Colombie elle a donné naissance à une fille qu’elle a appelée « Yvonne »…!) Puis il y eut Consuelo, Rosario, Dolly…  Sans oublier Leonila qui est venue plusieurs fois aux assemblées générales ; mais je ne vais pas établir ici une liste de toutes les personnes hors du commun que j’ai rencontrées au long de ces 35 années. D’autant plus, qu’en général, l’humilité est au nombre de leurs qualités et qu’elles préfèrent rester dans l’ombre. Il me parait quand même essentiel de souligner que les vraies héroïnes de notre aventure ce sont ces femmes qui jour après jour  assurent  les  repas  dans  les  centres  nutritionnels.  Selon  notre  charte  bien  établie,  elles distribuent des poissons à des enfants qui ont faim et grâce à cela ces enfants ont eu la possibilité d’apprendre à pêcher eux-mêmes (parce qu’ils étaient en bonne santé et mieux armés sur le plan scolaire) ;  rappelons-nous les lettres des anciens des centres de Trujillo : l’un était architecte, l’autre policier, certains médecins (au Honduras, aussi) ou enseignants, comme l’institutrice qui vient faire du soutien scolaire dans les centres de Trujillo, vingt ans après avoir été elle-même nourrie dans l’un d’eux ! Quel bonheur pour elle, et pour nous…

Dans la liste des raisons de se réjouir, nous avons entendu aujourd’hui l’histoire merveilleuse de Yoselin et de monsieur Fleuriot. Cette jeune fille de Trujillo est aujourd’hui à l’Université ce qui est presque un miracle puisque sa maman ne l’ayant pas déclarée au moment de sa naissance, elle n’aurait pas eu d’existence légale et donc aucune possibilité d’aller à l’école sans le secours de Mr et Mme Fleuriot (via « Para Ellos ») !

Mireille me disait en voyant les photos du récent voyage au Pérou et de leur rencontre en live : « Ne serait-ce que pour cette histoire, cela valait la peine de créer le M.I.A.E. ». C’est sûrement vrai mais je sais aussi qu’il n’y a pas que Yoselin dont la vie a basculé dans le bon sens grâce à « Para Ellos » et au M.I.A.E.).

Aujourd’hui, c’est cette histoire si particulière que je reçois comme un merveilleux « cadeau de départ » ! Comme les enfants de San Bruno à Bogota furent mon cadeau d’arrivée en 1982.

Mais c’est aux enfants du centre l’Oasis à Medellin que je vais laisser le mot de la fin parce qu’ils illustrent (sans doute sans le savoir) cette si belle chanson qui nous fait écrire sur le mur de nos vies le nom de ceux que l’on aime… Le mur de la vie des adhérents de « Para Ellos » est couvert de milliers de prénoms ! Avec eux et comme eux, continuons de dire : « Si a la vida! » (Ce qui se comprend en toutes les langues !)

Oui à la Vie ! Oui, les enfants de Medellin nous ramènent à l’essentiel : Le reste n’est que bavardage… De tout cœur je souhaite longue vie à « Para Ellos » et beaucoup d’enthousiasme à celles et ceux qui en prendront soin pour donner Vie à tous ces enfants trop oubliés par les bonnes fées…

Le nouveau Conseil d’administration de Para Ellos

Jean-Paul Arveiller,

(Président)

Retraité, ami d’enfance d’Yvonne Arbues, a fait sa carrière dans le domaine du soin et de la réinsertion de personnes présentant des troubles psychiques.

Jean-Romain Laurent,

Officier de marine marchande travaillant sur remorqueurs de haute mer (Chef Mécanicien). A grandi à Paris 12e, habite Brest, marié et père de deux garçons (8/6 ans), aime beaucoup : Bretagne, activités nautiques.

Matilde Arveiller,

Retraitée, adhérente depuis les origines, a travaillé 40 ans dans le secteur associatif (analphabétisme, insertion des personnes en situation de handicap).

   Evelyne Pinard,

Professeur d’anglais retraitée, ayant une expérience associative depuis de nombreuses années.

 

Daniel Boullet,

Professeur (Histoire-Géographie) retraité, un peu chercheur aussi, expériences associatives    locales    (PS : habitait dans son enfance à l’étage du dessous des familles d’Yvonne Arbues et de Jean-Paul Arveiller).

  Caroline Planet,

39 ans, responsable communication dans la lingerie mais surtout, mariée et maman comblée de petites jumelles de  4,5 ans. (PS : …et nièce et filleule de notre présidente d’honneur Yvonne Arbues).

 

Lea Fleuriot,

Petite fille d’Yves Fleuriot, contributeur à Para Ellos de longue date.

Restauratrice de métier, j’ai découvert le centre de Trujillo cet hiver et ai voulu contribuer à cette belle association.

  Cécile Rannou Arbues,

36 ans, responsable bio au sein d’une coopérative agricole, maman de 3 enfants de 8, 6 et 3 ans et ayant grandi avec Para Ellos !

 

Version PDF du BULLETIN PARA ELLOS AVRIL 2017